mardi 30 août 2011

Sur M6, le design néo-rétro a bon dos


Joie. Capital s'intéresse à l'auto. A sa manière : le décryptage économique et tendanciel. C'était dimanche soir et c'est ici. Du coup, on s'intéresse et l'on découvre un sujet sur le truc du moment en matière de design bagnolistique : le néo-rétro. On s'attend évidemment à en apprendre de belles sur le phénomène et son succès. Et rien, ou pas grand chose. Juste une spécialiste des tendances qui nous explique que, comme pour les fringues ou la maison, le coup d'oeil dans le rétro rappelle au consommateur le bon temps des trente glorieuses. Un temps sans soucis d'argent. C'est vrai, mais c'est un peu court. Car dans la mode ou la déco, voilà belle lurette que l'on recycle. Pas dans l'automobile. Le design des voitures a toujours, jusqu'à ces temps-ci du moins, innové sans recopier. Aux chromes tous ronds des années 50 et 60, ont succédés les lignes effilées des 70'. Puis vint le temps du bio-design des années 80, avant l'edge design de la fin des années 90 et du début 2000. Pour la première fois, donc, l'auto recycle. Et c'en est fini de l'innovation du crayon.


Le néo-rétro signe la fin de l'auto

En fait, les symptômes de ce non style appliqué à l'automobile sont peut--être plus graves que ce que les journalistes de Capital laissent entendre. Ce recours à la nostalgie ne serait-il pas une manière de séduire les derniers aficionados de la voiture ? Ceux qui se souviennent avec émoi de l'époque de la bagnole reine et ceux, plus rares, qui se raccrochent à un âge d'or qu'ils n'ont pas vécu ? Comme si les constructeurs se désintéressaient d'un avenir qu'ils savent sombre. Et qu'ils savent qu'il se fera peut-être sans eux. la vague néo-rétro et l'auto ressemble à ce revival que nous jouent chaque soir les grandes (et vieilles) chaînes TV qui refourguent le Juste Prix, Sacrée Soirée où Champs Elysées. Car elle savent précisément à qui elles s'adressent : un cœur de cible de quinquas et de sexagénaires qui se souviennent, la larme à l’œil, des grandes soirées de Jean-Pierre Foucault et Michel Drucker. Au fait, l'âge moyen d'un acheteur de voiture neuve en France est de 51 ans. Les jeunes, eux ont tendance à se désintéresser de l'auto. Ils en achètent, en utilisent, mais sans passion. De même que les mêmes jeunes se désintéressent de la télé, leurs préférent d'autres médias, plus 2.0.

Fiat 500, Mini et DS3

Et puis, évidemment, pas de démonstration sans exemples. Pour la Fiat 500 très mise en avant par Capital, aucun doute : on est dans l'illustration parfaite de cette tendance. Même bonne intuition pour la nouvelle Mini, version BMW. En revanche, en mentionnant la DS3 de Citroën, et son succès, Capital est à côté du capot. L'idée du chevron, et de son impeccable designer en chef Jean-Pierre Ploué, n'est pas de refaire la DS du Général De Gaulle, mais de créer une nouvelle marque en la baptisant du nom de son vaisseau des années 50-60. Juste une manière de créer des autos haut de gamme, sur la base de modèles existants. Ainsi la DS3, qui ne ressemble absolument pas à l’ancêtre, est une C3, en plus sportive, plus spectaculaire et, évidemment, plus chère. Même punition pour la toute nouvelle DS4. Une petite erreur sans trop de conséquences. En revanche, faire croire que cette tendance (réelle) néo-rétro n'est pas un chant du cygne, mais un renouvellement de l'industrie automobile, est autrement plus gênant.