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Saab 9-4X, l'ultime voiture de la marque ©Saab automotive |
Voilà, c’est fini. Après deux ans d’agonie, le constructeur suédois Saab serre définitivement le frein à main et claque la portière. La marque s’est déclarée en faillite auprès du tribunal de Vänersborg. Totalement insolvable, l’entreprise a prévenu ses fournisseurs qu’ils n’avaient plus qu’à sonner à la porte de l’administration suédoise pour qu'ils tentent de se faire régler leurs dernières factures.
Et pourtant, deux groupes chinois, Youngman et Panda se tenaient prêts à injecter des liquidités dans l’affaire. Et s’ils ne l’ont pas fait, c’est parce que General Motors s’y est opposé. De quel droit ? Le géant américain n’est plus propriétaire de la marque puisqu’il l’a cédé en 2009 à un entrepreneur néerlandais et aventurier. Sauf que les voitures que le Suédois continuait à sortir au compte-gouttes de ses chaînes de Tröllhattan étaient des voitures GM très bien maquillées certes, mais ultra proches des Cadillac et Opel, propriétés elles aussi de General Motors. Et ce qui intéressait en premier lieu le constructeur et le distributeur chinois prêts à racheter la maison, ce n’était ni la flamboyante marque suédoise, ni la petite usine scandinave qui emploie toujours 3700 personnes. Mais bel et bien les brevets qui se cachent sous les capots des Saab-Opel-Cadillac. Que le transfert technologique figure sur le bon de commande, était une condition absolue pour que les chinois mettent la main à la poche. Le géant américain a donc refusé.
Licencier 6000 personnes tout de suite ou 12000 plus tard ?
Évidemment, la décision de GM est lourde de conséquence pour le personnel de Saab, les équipementiers et les filiales étrangères. Ce qui représente près de 6000 personnes qui devraient se retrouver très vite au chômage. Même s’ils se raccrochent à l’infime espoir de voir débarquer un repreneur zorro, susceptible de renflouer la boutique sans quémander le moindre brevet. Et donc sans avoir la possibilité de fabriquer de nouvelles voitures, sauf s’il les crée de toutes pièces. Mais la décision du groupe américain n’a pas dû être très longue à prendre. Le nouveau carrosse suédois, le 4X4 Saab 9-4X, qui intéressait particulièrement les Chinois et devait débarquer chez nous au tout début de l’année prochaine, est fabriqué au Mexique, dans la même usine et sur la même chaîne que son cousin le Cadillac SRX. Logique, puisqu’il s’agit d’une seule et même auto. Cette Cadillac est l’un des fleurons de GM et la meilleure vente de la marque aux US. On imagine donc assez mal les dirigeants de GM acceptant de livrer aux acheteurs asiatiques, le mode d’emploi complet pour fabriquer son best-seller, sans aucun recours de plagiat possible, puisque le transfert aurait été accepté et acté. Les financiers de Detroit ont donc sorti leur calculette pour comparer et trancher. D’un côté leur usine mexicaine, presque la banlieue américaine, ses 12000 salariés et les milliers de garagistes Cadillac à travers les Etats-Unis. De l’autre côté, à 9000 kms de là, une usine de 3 700 personnes, dans une ville, Tröllhatan, au nom imprononçable pour un cadre du Michigan. Leur choix fut aisé et les victimes suédoises sont celles d’une guerre que se livrent, et que n’ont pas finies de se livrer, les groupes occidentaux et chinois. Une guerre du protectionnisme qui fait des victimes : les pays qui n’ont pas pu, ou voulu, en leur temps, conserver leur outil industriel. C’est justement le cas de la Suède, puisque l’autre et seul constructeur national a été vendu en 2010. A un autre groupe Chinois.