mercredi 14 décembre 2011

Sarkozy fustige les délocalisations automobiles qu'il a entériné

Renault Latitude, une coréenne rebadgée ©Renault

Il a beau jeu de prendre la voiture pour cible. Mais Nicolas Sarkozy s’est quelque peu fourvoyé, mardi à Sallanches, en taclant l’automobile française. Car si la désindustrialisation est une réalité française, prendre pour exemple les constructeurs hexagonaux, revient à caillasser l’une des très rare production de produits manufacturiers de l’hexagone. Parce que, même si ses jours sont comptés, la filière emploie bon an mal près de 700 000 salariés. Parce que nombre de modèles sont toujours fabriqués (du moins assemblés) du côté de chez nous. Et surtout parce que, si mauvais élève délocalisateur il y a (car il y en a un), c’est justement celui dont l’Etat est actionnaire à hauteur de 15, 01% et qu’il siège au conseil d’administration de Renault ou sont entérinés toutes les décisions stratégiques.  Il en est même un partenaire de poids puisqu’il détient la plus forte participation, légèrement plus importante que celle de Nissan. De quoi peser sur le choix d’un site industriel, comme celui de Palencia, en Espagne où est fabriquée la gamme Mégane, les voitures les plus vendues en France au mois de novembre dernier. On pourra rétorquer que la recherche et le développement de ces modèles et de leurs motorisations est belle et bien française. Mais qui sont les ingénieurs qui se sont penché sur le Koleos, le 4x4 du losange, ou sur la nouvelle berline Latitude, haut de gamme revendiquée de la marque ? Ces deux modèles ne sont que des voitures coréennes rebadgées de la marque Samsung, propriété du groupe. Seuls quelques designers hexagonaux se sont donc approchés de leur calandre pour leur donner une allure maison.

Des 4x4 coréens et japonais rebadgés
Ironie du sort, c’est aujourd’hui PSA qu’on attaque pour ses délocalisations avérées et programmées, évidemment liés aux 5 000 suspensions de poste annoncés par son PDG Philippe Varin. Or si Peugeot et Citroën s’adonnent volontiers au sport de l’off shore, les deux marques le pratiquent légèrement moins que leur concurrent, du moins pour le moment. La petite C3, qui figure dans le Top 10 des ventes françaises est fabriquée à Poissy et à Aulnay Sous Bois. Et si l’on peut avoir de sérieux doutes sur l’avenir de cette dernière usine, en grève ce jeudi, elle n’en a pas moins fabriqué 195 500 citadines Citroën made in 93, rien que l’an passé. La 308, voiture compacte de Peugeot, sort quant à elle des usines de Sochaux. Evidemment, PSA ne résiste pas à l’appel du large. Et use lui aussi de la méthode Renault qui consiste à reprendre à son compte les autos (étrangères) des autres. C’est le cas du 4x4 japonais Mitsubishi Outlander, devenu, par la grâce de la multiplication des marques, C-Crosser chez Citroën et 4007 chez Peugeot.

Des délocalisations entérinées par l'Etat
Pas question, du coup de dédouaner PSA, largement titillé par une grosse envie d’aller produire ailleurs pour moins cher. Et qui ne devrait pas tarder à passer à l’acte un peu plus encore, sans que l’Etat n’y puisse grand chose. Il est simplement curieux de noter la mauvaise foi, ou du moins l’oubli de quelques réalités, d’un président de la République qui met en cause des délocalisations engagées par une entreprise (Renault, en l’occurrence) sur les décisions de laquelle il peut peser. Et qu’il a, par voie de conséquence, entériné.

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