Concept-car Peugeot SXC, le dernier dessiné en France ? © Peugeot |
Philippe Varin a ménagé la surprise
Cet effet de surprise a été ménagé par le PDG de PSA qui vient d’inventer le plan de licenciements à épisodes. Histoire de ménager le suspens et les susceptibilités. Car Philippe Varin a commencé sa campagne d’annonces dès le mois de septembre, en plein salon de Francfort, en Allemagne. Sauf qu’à ce moment-là, dans une interview donnée au Figaro, il se contentait d’évoquer « une réduction de coûts nécessaires pour faire face au ralentissement des ventes ». Sans préciser, évidemment, la nature des réductions en question. Un mois plus tard, nouvelle offensive. Le boss de PSA évoque des suppressions de postes en France, mais elle ne concerneraient que des intérimaires et des départs en retraite non remplacés en 2012. Ce qui rassure Eric Besson. Le ministre de l’industrie, après sa rencontre avec Philippe Varin le 26 octobre dernier, se fend, dans la foulée, d’un communiqué où il confirme que « conformément aux engagements qui avaient été pris en septembre, aucun plan de départs volontaires n'était envisagé à ce jour ». On attend donc sa réaction suite à ce nouvel épisode. Même si l’on connaît le peu d’influence d’un avis ministériel sur la décision de l’entreprise. L’Etat n’est pas actionnaire de PSA, comme elle l’est encore de Renault. De plus, les prêts accordés à la filière automobile après la première crise de 2008 sont aujourd’hui soldés.
Des licenciements pour rassurer les marchés et rester indépendants
Évidemment, tout le monde se demande si ce plan d’économie 2012 de 800 millions d’euros que PSA veut réaliser l’an prochain, est un plan de confort, destiné à rassurer les marchés financiers, ou une réelle nécessité. Les deux en fait. Les fameuses agences de notations scrutent aussi les entreprises et Moody’s a dégradé la note de Peugeot-Citroën il y a quelques mois. La raison invoquée ? Soixante pour cent du chiffre d’affaires du constructeur est réalisé en Europe. Là où, justement, les ventes vont mal. Là où les autos qui s’écoulent sont de petits modèles pas chers, au bénéfice riquiqui. Et les profits de fin d'année devraient être tout aussi petits. Car en Chine, pays qui éponge les dettes des constructeurs mondiaux, PSA est à la traîne. Citroën, l’un des premiers constructeurs présents sur ce marché, a raté son expansion dans l’Empire et s’est fait grignoter ses parts de marchés, embryonnaires dans les années 90, par ses concurrents allemands, japonais et coréens qui ont su exploiter le filon beaucoup mieux que lui au cours des années 2000.
Surtout, PSA est un petit constructeur, avec deux marques généralistes seulement, alors que les groupes puissants, comme Volkswagen, couvrent l’ensemble du marché, du luxe avec Audi (qui se porte au mieux), à la très accessible marque Seat. Et puis, PSA paie aujourd’hui son indépendance. À l’ère ou tous les gros constructeurs mondiaux se regroupent (Fiat et Chrysler est le dernier rapprochement en date), la famille Peugeot (toujours actionnaire à hauteur de 30,3%) a toujours refusé les alliances que plusieurs concurrents lui proposaient, de BMW à Mitsubishi, en passant par Fiat. Certains salariés d’Aulnay Sous Bois, Vélizy et Sochaux risquent de ne pas leur dire merci.
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