La nouvelle Porsche 911 : voiture pour pays émergent ? © Porsche GMBH |
Et si les constructeurs misaient sur la fin des classes moyennes dans nos pays riches ? Je sais, vu de loin, ça donne aux premiers une importance socio-politico-économique dont ils n’ont sûrement pas conscience. Mais lorsque l’on compare les phénomènes liés à l’emploi depuis le début de la crise et les bides et succès des autos pendant la même période, on est plutôt frappé de leur concomitance. En examinant l’étude récente de l’Eurofound (fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail), on s’aperçoit que dans les 27 pays de l’Union, les hauts salaires sont de plus en plus nombreux, les petits revenus sont stables et les revenus intermédiaires disparaissent plus que les autres. Une fin des classes moyennes annoncée, donc, ou « une prolétarisation » de celles-ci comme dirait le sociologue Louis Chauvel.
Les ventes de Rolls en hausse de 41,3%
Mais quel rapport avec nos autos ? C’est pareil. Les chères, les luxueuses, les sportives se vendent comme des petits pains. Idem pour les low-cost. Mais c’est du côté des moyennes, les généralistes, les entre-deux eaux que ça coince. Les bonnes vieilles berlines à coffre, les voitures à papa, les Ford Mondeo, les Renault Laguna, les Citroën C5 sont boudées. Même les compactes et les monospaces de ces marques généralistes, au prix moyen, à la taille moyenne et à la puissance moyenne, sont à la peine. A l’inverse de Porsche, où tout va pour le mieux. L’Allemand, qui a publié cette semaine ses scores pour les trois premiers trimestres de cette année, est dans une forme aussi rutilante que ses jantes. Il a augmenté ses ventes de 31% par rapport à la même période en 2010. La crise ? Quelle crise ? Une question qui ne se pose pas non plus à Maranello. Au siège de Ferrari, si le cheval se cabre, la direction se réjouit : elle devrait cette année exploser ses ventes qui devraient atteindre 7000 immatriculations au lieu des 6500 de l’an passé. Quant à Rolls-Royce, la marque du groupe BMW s’offre carrément une hausse de 41,3%. L’ange de sa calandre se pâme.
A l'opposé, Dacia progresse aussi de 51,7%
Et puis, à l’opposé des autos qui naviguent entre 80 000 et 200 000 euros, il y a les low-cost, peu ou prou représentées par une marque unique : Dacia. Un seul chiffre suffit à illustrer la prépondérance de ces autos peu chères : le nombre d’immatriculations du Roumain du groupe Renault en octobre a augmenté de 51,7%, selon le tableau de bord livré chaque mois par le CCFA (comité des constructeurs français d'automobiles). Dacia permet même au Losange généraliste de terminer l’année dans le vert.
Alors, devant ces résultats de l’extrême, les constructeurs réagissent. Et les généralistes s’orientent vers les deux bouts de la chaîne. Surtout PSA, qui étudie le moyen de mettre sur la route un remake de Dacia et d’un autre côté met les bouchées doubles pour occuper le terrain du haut de gamme. Après la DS3, qui est une version luxe de la C3, après la DS4 qui fait de même face à la C4, les Chevrons s’apprêtent à lancer la DS5. Comme si ce creux du moyen était acté. Comme si les classes moyennes n’étaient plus qu’un souvenir. Un souvenir de pays riche. Puisque dans les pays émergents d’il y a peu de temps, et les pauvres pour encore longtemps, il n’y plus que des fortunés et des fauchés.
Dacia et Peugeot avec le prototype M3 voir le numero d'auto plus
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